Manifeste pour une gauche sociale‐démocrate, républicaine, humaniste et écologique

 

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Au sortir des scrutins présidentiel et législatif, les Français ont le sentiment d’un paysage politique dévasté. Certes, une majorité d’entre eux, voulant surtout faire obstacle à l’extrême droite, a donné un nouveau mandat au Président de la République, mais sans pour autant le faire bénéficier, dans la foulée, d’une majorité nette à l’Assemblée nationale, qui lui aurait permis de gouverner sans heurt. Dans un contexte international, européen et français qui appelle des décisions urgentes et courageuses, cette fragilité du pouvoir expose notre pays à un risque sérieux de fracturation et de déclassement. Si on est avant tout préoccupé de l’intérêt de la Nation et de ceux qui, en son sein, sont les plus exposés aux crises climatique, économique ou sanitaire, il faut avoir la lucidité de poser ce constat. Circonstance aggravante, aucune des oppositions n’a reçu la faveur de nos concitoyens comme si, dans la gravité du moment, l’absence d’esprit de responsabilité qui semble présider aux choix de chacune d’elles, contribuait à les disqualifier toutes. Ainsi, ni la majorité relative anémiée ni les oppositions majoritairement animées par la radicalité ne semblent pouvoir répondre aux attentes de nos compatriotes.

L’abstention massive des Français témoigne également de la perte de confiance dans les institutions de la République, mais aussi dans les forces politiques constituées, dont les citoyens doutent désormais qu’elles seront capables de se mettre au service du bien collectif. Il est fort probable que la communication débridée d’une majorité dévitalisée, sans boussole ni projet, et que les postures théâtrales des oppositions radicalisées ne suffiront pas à répondre à l’épuisement démocratique, qui prive la République de sa force vitale.

Alors que notre système politique et institutionnel voit sa légitimité contestée et son efficacité amoindrie, les Français aspirent à un gouvernement qui puisse agir de nouveau en les respectant, c’est‐à‐dire en s’adressant à leur intelligence collective. C’est dans ce contraste entre la situation politique et les aspirations profondes des Français que réside le risque d’un grave court‐circuit démocratique : le blocage potentiel des institutions, la montée de la violence dans l’espace du débat public, l’effacement de la notion de respect, la volonté de certains de susciter, à chaque instant, la contestation de tout, en poussant la foule à s’emparer de la rue, offrent de sombres perspectives à notre pays.

Le mal est profond. Le divorce entre le peuple et les responsables politiques est consommé. Les Français sont de plus en plus nombreux à ne pas se sentir écoutés et ‐ bien plus grave ‐ respectés. Le ressentiment le dispute au fatalisme, à l’insécurité culturelle s’ajoute une précarité existentielle débouchant sur le sentiment de vivre dans une société à durée déterminée. L’insécurité au quotidien, couplée à l’incertitude du lendemain, attise l’incompréhension mais aussi la colère. Pourtant, comme une lueur d’espérance, l’aspiration à la justice, à la concorde et au progrès est toujours aussi présente. Les énergies sont partout et l’envie de servir demeure infinie. Comme souvent face aux grandes épreuves, la France n’a pas perdu foi en elle‐même.