"Je n'ai pas de leçon de gauche à recevoir" | France Inter, 5 avril 2023

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"C'est précisément parce qu'il faut sauver la retraite par répartition qu'il faut une réforme qui soit juste",

Bernard Cazeneuve sur France Inter (5 avril 2023)

Sur l’actualité, comment Bernard Cazeneuve pense-t-il que l’on peut sortir de la crise politique et sociale actuelle ? «  J’aurais pas fait cette réforme comme elle a été faite », assure-t-il. « Elle a été faite au pire moment, dans un pays confronté au retour de la guerre, de l’inflation, aux crises à répétition… À peine a-t-on exprimé aux Français la gratitude que le pays leur doit, qu’on sort une réforme qui va mettre ceux qui étaient en première ligne en position de premiers contributeurs à l’effort. C’est pas le moment, c’est injuste, et c’est pas les bonnes mesures. »

« C’est précisément parce qu’il faut sauver la retraite par répartition qu’il faut une réforme qui soit juste », explique Bernard Cazeneuve. « Vous ne sauverez pas ce système et l’État-providence en faisant des Français les plus vulnérables, les plus fragiles, ceux qui ont travaillé le plus tôt dans les métiers les plus pénibles, les premiers contributeurs de l’effort. C’est fondamentalement injuste. »

Il se dit inquiet de la situation dans le pays, dont « il faut prendre la mesure »« Il y a un climat de tension extrême, un sentiment d’injustice qui s’est enkysté dans la société française, à juste titre. Il y a des Français qui sont à la tâche dans des conditions difficiles, qui ont le sentiment du déclassement, et un pouvoir qui donne le sentiment du mépris. Ce pays a été mis, depuis des années, sous tension. À un moment, il faut les conditions d’un juste compromis. »

Interrogé sur les critiques acerbes qu’il envoie régulièrement à la Nupes, Bernard Cazeneuve assure que ça ne fait pas de lui un soutien de son ancien collègue ministre Emmanuel Macron pour autant. 

« C’est la Nupes, notamment LFI, en convoquant toutes les injures et toutes les insultes, qui administre des ordonnances à tout le monde, en donnant des leçons de gauche à tout le monde, alors qu’elle n’est en aucun cas légitime à le faire. Quand on est représentant d’un parti dont les responsables ne sont même pas élus, où une grande partie des militants se plaignent de l’absence de respiration, pour moi on n’est pas de gauche. »

« Quand on insulte des ministres ou des personnalités politiques en les accusant de crimes ou de faits qu’ils n’ont jamais commis, on n’est pas de de gauche », estime-t-il. « Le parti de la gauche, c’est le parti de ceux qui innocentent ceux qu’on accuse contre la meute. Lorsqu’on soutient M. Poutine en expliquant qu’il va débarrasser la Syrie en accompagnent un dictateur, on n’est pas de gauche. La gauche, c’est le parti de la liberté et des droits de l’homme. Lorsqu’on explique qu’on doit répartir davantage les richesses tout en préconisant la décroissance, on n’est pas de gauche. Je n’ai aucune leçon de gauche à recevoir de tous ceux qui se comportent de la sorte. »