Bernard Cazeneuve : « Le referendum d’initiative partagée peut bloquer la réforme des retraites »
L'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, aujourd'hui avocat, voit dans le mouvement social de contestation de la réforme des retraites un levier pour remobiliser la gauche de gouvernement. Face au risque Le Pen, il critique sévèrement le report de l'âge à 64 ans, sur le fond et la méthode et propose une porte de sortie pour redonner l'espoir d'une "autre réforme" aux opposants : la mise en oeuvre d'un RIP, référendum d'initiative partagée, pour remettre l'ouvrage en chantier sur des bases plus justes. Entretien.
Cette réforme est inopportune parce qu’injuste. Elle est vécue par les Français comme une régression. Le pays sort à peine de la crise sanitaire. Nul ne saurait nier que ce sont les efforts des salariés des première et deuxième lignes, qui ont permis à la France de tenir pendant l’épreuve. Ce sont précisément ces travailleurs, qui ont commencé à travailler tôt, dans les métiers les plus pénibles, qui subiront les effets du recul de l’âge de départ à la retraite, en même temps que l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation jusqu’à 43 ans, dès 2027 et non 2035, comme cela était prévu dans la réforme Touraine de 2014.